COLLOQUE DE LA FAO
SUR
L'AGRICULTURE, LE COMMERCE ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE: QUESTIONS

ET ALTERNATIVES CONCERNANT LES PROCHAINES NÉGOCIATIONS DE L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE DANS LA PERSPECTIVE
DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

Genève, 23-24 septembre 1999

Session I:

Principales tendances des marchés agricoles mondiaux au cours des vingt dernières années et perspectives à moyen terme

Document No 1

Tendances marquantes de la production, de la demande et du commerce international de produits agricoles dans le monde et sécurité alimentaire

Service des politiques et des projections concernant les produits

Division des produits et du commerce international

Le présent document passe en revue les principales tendances de la production, de la demande et des échanges mondiaux de produits agricoles ainsi que de la sécurité alimentaire au cours des 20 dernières années et tout particulièrement les variations de la production, de la demande et des échanges et des indicateurs de la sécurité alimentaire aux échelons mondial et régional.


Table des Matières


I. Tendances mondiales de la production et de la demande

1. Au plan mondial, la production agricole a augmenté régulièrement, dépassant la croissance démographique d'une marge de plus en plus importante depuis les années 60. Toutefois, le taux de croissance (pour tous les produits) s'est en fait ralenti, tombant de 3 pour cent par an pendant les années 60 à 2 pour cent par an au milieu des années 90 (voir la Figure 1). Dans le même temps, l'accroissement démographique mondial s'est ralenti encore plus, après avoir atteint le chiffre record de 2,07 pour cent par an, pour tomber à 1,34 pour cent par an pendant la période 1995-2000. Ces chiffres dissimulent cependant des disparités interrégionales de la croissance de la production et du profil démographique qui déterminent la répartition dans l'espace de la demande mondiale.

2. La production et la demande mondiales des principaux produits agriculturales ont eu tendance à baisser depuis les années 70 (voir les tableaux 1 et 2). Alors que la production a augmenté en moyenne de 2,28 pour cent par an pendant les années 70 et la consommation de 2,3 pour cent, leurs taux d'accroissement se sont ralentis pendant les années 80 et ont été, au cours des huit dernières années de 1,97 pour cent et 1,91 pour cent, respectivement. La situation varie d'un produit à un autre. Les taux globaux d'augmentation de la production ont nettement progressé pour les légumes, les huiles et graisses, les fruits tropicaux, les racines et les _ufs et, depuis les années 80, le millet et le sorgho; ils ont nettement baissé pour la plupart des denrées alimentaires de base (céréales, viandes et produits laitiers) et, pour les autres produits agricoles, les taux ont beaucoup diminué pendant les années 80 mais ont repris depuis lors pendant la période 1990-97 sans toutefois revenir aux niveaux d'avant 1980.

3. Dans les pays en développement (en tant que groupe), la production et la consommation des principales denrées agricoles ont augmenté à des taux beaucoup plus rapides (et cette accélération se poursuit) que dans les pays développés ou les pays en transition. En fait, dans ces derniers pays, la production comme la consommation se sont beaucoup contractées ces huit dernières années par rapport aux décennies précédentes par suite des bouleversements économiques entraînés par les changements de systèmes dans ces pays. Globalement, le taux d'augmentation de la demande dans les pays en développement s'est accéléré pour passer d'environ 3 pour cent par an pendant la période 1970-79 à environ 4,1 pour cent en 1990-97.1 La progression de la production a été un peu moindre, mais son taux de croissance est néanmoins passé de 2,8 pour cent pendant les années 70 à quelque 3,9 pour cent en 1990-97. Dans les pays développés, en revanche, le taux de croissance de la production est tombé à 0,68 pour cent contre 1,8 pour cent pendant les années 70, mais a légèrement repris pendant les années 90. Le taux d'accroissement de leur consommation des principaux produits agricoles s'est ralenti lui aussi, tombant de 1,5 pour cent pendant les années 70 à environ 0,5 pour cent pendant les années 90.

4. Depuis les années 70, l'augmentation de la demande globale de produits a été imputable pour une large part aux pays en développement en raison de leurs taux d'accroissement démographique plus élevés, d'une expansion relativement rapide du PIB par habitant et d'une plus forte augmentation de la demande entraînée par l'élévation des revenus. Dans les pays développés, par contre, l'augmentation de la demande s'est ralentie étant donné que la consommation par habitant était déjà élevée et que la décélération de l'accroissement démographique a eu pour effet de freiner le taux d'augmentation de la demande pour de nombreux produits. Du fait de ces taux de croissance relatifs, les pays en développement ont vu leur part de la production et de la consommation mondiales de presque tous les principaux produits agricoles augmenter régulièrement. Par habitant, toutefois, leur production et particulièrement leur consommation (en kilogrammes par personne) demeurent bien inférieures à ce qu'elles sont, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en transition.

5. Parmi les pays en développement, les pays de l'est et du sud de l'Asie sont ceux qui ont enregistré l'augmentation la plus impressionnante de la production depuis 1970: leur production céréalière a plus que doublé et leur part de la production mondiale de céréales est passée de 31 pour cent à 38 pour cent. La production d'huiles végétales de la région a plus que quintuplé et leur part de la production mondiale est passée de 25 à 44 pour cent. La production de produits animaux des pays de l'est et du sud de l'Asie a plus que triplé, tandis que leur part de la production mondiale est passée de 25 pour cent à 45 pour cent. Toutefois leur production demeure inférieure à leur consommation, de sorte qu'à l'exception des huiles végétales, leur part des marchés mondiaux d'exportation n'a pas augmenté. Ces pays ont eu plutôt tendance à accroître leurs importations, en même temps que la production augmentait, pour alimenter des marchés intérieurs en expansion rapide. À la différence des autres produits, les exportations d'huiles végétales des pays de l'est et du sud de l'Asie représentent 44 pour cent du total mondial contre 19 pour cent précédemment.

6. Dans les pays en développement d'Amérique latine et des Caraïbes, la production a elle aussi augmenté plus rapidement que la moyenne mondiale, et leur part de la production, de la consommation et des échanges mondiaux a augmenté pour un certain nombre de produits. Leur part de la production d'huiles végétales est passée de 9 pour cent à 13 pour cent et leurs exportations de 11 pour cent à 15 pour cent. Bien que la part des pays d'Amérique latine et des Caraïbes dans la production mondiale de fruits et de légumes soit demeurée inchangée pendant la période considérée, leurs exportations de ces produits sont passées de 20 pour cent du total mondial à 32 pour cent. Néanmoins, ces pays ont vu leur consommation interne s'accroître plus vite que la moyenne mondiale, de sorte que leur part de la consommation mondiale a augmenté dans toutes les catégories de produits sauf celles des fruits et légumes.

7. En Afrique du Nord et au Proche-Orient, la production et les exportations de produits agricoles n'ont guère progressé par rapport aux totaux mondiaux. Toutefois, une légère augmentation de la production et un accroissement beaucoup plus marqué des importations ont accru la consommation interne entre 1970 et 1997, qui est aujourd'hui plusieurs fois supérieure à ce qu'elle était pour les céréales, les huiles végétales, les produits animaux et les fruits et légumes.

8. Les pays d'Afrique subsaharienne n'ont guère réussi à accroître leur part de la production, de la consommation, des exportations ou des importations mondiales de produits agricoles. Dans certains cas, la part modeste qu'ils détenaient dans la consommation mondiale s'est encore rétrécie. Entre 1970 et 1997, la production de céréales et de produits animaux a augmenté un peu plus vite en Afrique subsaharienne que la moyenne mondiale, et la part de ces pays dans la production mondiale s'est accrue de moins de 1 pour cent. Leur part de la consommation mondiale de céréales et de produits animaux a elle aussi augmenté de moins de 1 pour cent. La production d'huiles végétales ainsi que de fruits et légumes a augmenté beaucoup plus lentement, de sorte que la part de la région dans la production mondiale est tombée de 9 pour cent à 5 pour cent pour les huiles végétales et de 7 pour cent à 5 pour cent pour les fruits et légumes. La consommation de ces produits a progressé plus lentement dans la région que dans le reste du monde, de sorte que sa part de la consommation mondiale s'est contractée.

II. Tendances du commerce de produits agricoles

9. Les principales tendances du commerce des produits alimentaires et agricoles au cours des quelques dernières décennies sont marquées par plusieurs caractéristiques: l'importance continue que revêt ce commerce pour les pays aussi bien développés qu'en développement, l'augmentation inégale des échanges pendant la période considérée (augmentation rapide pendant les années 70 puis stagnation virtuelle au milieu des années 80 et légère reprise depuis lors); l'effondrement des prix des produits de base au cours des dix dernières années; l'augmentation et la composition changeante par produit du commerce agricole; et l'impact escompté sur les marchés mondiaux des réformes politiques liées à l'application de l'Accord sur l'agriculture du Cycle d'Uruguay.

10. Depuis le début des années 70, le volume des échanges de produits agricoles, produits des zones tempérées et produits tropicaux confondus, ainsi que des produits de la pêche et de la foresterie a augmenté d'environ 75 pour cent et leur valeur est passée de 148 milliards de dollars à quelque 580 milliards de dollars en 1997 (en termes nominaux). Comme le commerce d'articles manufacturés a augmenté plus rapidement, la part des produits agricoles dans le commerce de marchandises est tombée d'environ 20 pour cent au début des années 70 à quelque 10 pour cent en 1997. Ce chiffre moyen, toutefois, dissimule la forte dépendance à l'égard du commerce de produits agricoles d'un grand nombre de pays, que ce soit comme exportateurs que comme importateurs. Dans approximativement un quart des pays en développement, la part des exportations de produits agricoles a dépassé les deux tiers des exportations totales au milieu des années 90, tandis que dans 20 pour cent d'autres pays, elle a dépassé un tiers. Les pays à faible revenu sont ceux qui continuent de dépendre le plus du commerce de produits agricoles, étant souvent tributaires de l'exportation d'un petit nombre de produits pour la majeure partie de leurs recettes en devises. Les échanges de produits de l'agriculture sont moins importants pour les pays riches mais demeurent pour certains d'entre eux une source substantielle de recettes d'exportation, et tel est notamment le cas de l'Australie, des Etats-Unis, de la France et de la Nouvelle-Zélande.

11. Les échanges entre les pays d'Europe occidentale représentent le tiers environ du commerce international de produits agricoles. Si l'on fait abstraction des échanges entre ces pays, l'Amérique du Nord, l'Europe orientale et l'Asie détiennent des parts à peu près égales des marchés mondiaux d'exportation, tandis que l'Asie est, et de loin, le principal marché d'importations. Plusieurs tendances notables se dégagent: une diminution du marché d'importations en Europe occidentale, jadis vaste, et la transformation de cette région en exportateur net de différents produits (comme les céréales, le sucre et la viande) par suite, principalement, du succès de la politique agricole commune; l'augmentation des marchés d'importations dans les pays du bassin du Pacifique en raison de la forte progression des revenus (alimentée par le secteur manufacturier) enregistrée pendant cette période; une réorientation concomitante mais plus générale des marchés d'importations des pays à revenu élevé vers les pays en développement à revenu moyen; l'augmentation des excédents agricoles dans certains pays exportateurs; et la prolifération des mesures de subventionnement des exportations dans les grands pays industrialisés. Parmi les régions en développement, l'Amérique latine et les Caraïbes sont un important exportateur net de produits agricoles, tandis que l'Asie, le Proche-Orient, l'Afrique et les pays en transition sont maintenant des importateurs nets.

12. Deux aspects de la composition par produit du commerce agricole méritent d'être relevés: la diversification horizontale par produit et la diversification verticale par degré de traitement. À mesure que les échanges de produits agricoles se sont développés, l'on a assisté également à une modification structurelle de la composition par produit de ce commerce et à son évolution de produits en vrac vers des produits à valeur ajoutée sous l'effet de la hausse des revenus. Le commerce de produits de haute valeur comme les fleurs coupées et les fruits tropicaux a contribué à l'augmentation des exportations agricoles pour un certain nombre de pays en développement.

13. Les échanges de produits agricoles n'ont pas progressé au même rythme au cours des 20 dernières années mais ont reflété plutôt l'impact de plusieurs chocs mondiaux: la hausse spectaculaire des prix des produits de base pendant les années 70; les chocs pétroliers de 1973 et de 1979; et la hausse prononcée des taux d'intérêt au début des années 80 qui a marqué le début de la crise internationale de la dette puis le ralentissement de la croissance et la récession dans les pays développés et dans la plupart des régions en développement. Deux indicateurs mettent en relief la difficulté de la conjoncture du milieu des années 80 pour le commerce de produits agricoles. Premièrement, cette période est la seule pendant laquelle le commerce de produits agricoles n'a pas augmenté plus vite que la production. Deuxièmement, les prix des produits, qui avaient eu tendance à baisser au cours des 20 années précédentes, ont chuté brutalement pendant les années 80 (figure 2). En termes réels, c'est-à-dire ajustée en fonction des prix des articles manufacturés exportés par les pays développés, cette baisse a été encore plus prononcée.

14. La chute brutale des prix mondiaux des denrées alimentaires pendant les années 80 a été en partie un symptôme du dysfonctionnement des marchés mondiaux causé, essentiellement, par les politiques des pays développés, dans lesquels les pouvoirs publics sont lourdement intervenus dans la production et la consommation nationales et par conséquent les échanges, tandis que nombre de pays s'employaient à isoler leurs marchés intérieurs de l'évolution des marchés mondiaux. Pendant les années 90, les prix des produits agricoles sont demeurés relativement faibles au début (1990-93), ont nettement augmenté au milieu de la décennie (1994-97) avant de diminuer en 1998.2

15. Le commerce des produits alimentaires a été caractérisé depuis le début des années 70 par les mêmes tendances que le commerce de produits agricoles dans son ensemble. La valeur des échanges de denrées alimentaires, qui a atteint quelque 458 milliards de dollars en 1997, a plus que quintuplé en 20 ans. En 1997, les pays en développement représentaient environ 37 pour cent du total des importations de produits alimentaires, contre 28 pour cent en 1974. Toutefois, leur part des exportations de produits alimentaires est passée de 30 pour cent à quelque 34 pour cent en 1997. De ce fait, la balance du commerce de produits alimentaires, légèrement positive il y a peu de temps, est devenue négative.3 En 1997, les pays en développement ont importé pour 168 milliards de dollars environ de produits alimentaires, et ils en ont exporté pour 155 milliards de dollars. Ces tendances mettent en lumière l'importance croissante que revêt le commerce dans la satisfaction des besoins alimentaires, spécialement dans les pays en développement. En termes de céréales, les importations ont atteint 14 pour cent environ de la consommation interne des pays en développement en 1997, contre moins de 10 pour cent 20 ans auparavant.

16. Le commerce de produits agricoles a beaucoup contribué à l'amélioration de la sécurité alimentaire tant au niveau mondial qu'au niveau des ménages enregistrée pendant les années 80. Les approvisionnements alimentaires ont été amples sur les marchés mondiaux tandis que leurs prix réels diminuaient. Les prix mondiaux sont devenus moins instables. Les stocks mondiaux de céréales sont rarement tombés à moins de 17 ou 18 pour cent de la consommation céréalière mondiale, niveau considéré par la FAO comme le minimum nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire mondiale (1995 et 1996, récemment, ont fait exception). Les courants d'aide alimentaire, particulièrement pour faire face à des situations d'urgence, ont augmenté. Dans une certaine mesure, la situation pendant les années 90 (de 1990 à 97) a été différente. Les stocks ont diminué tandis que les prix ont augmenté, et l'aide alimentaire est tombée en 1995 à son niveau le plus faible depuis le milieu des années 70.

III. Tendances de la sécurité alimentaire aux échelons mondial et régional

17. Au cours des 30 dernières années, la consommation alimentaire et la nutrition se sont beaucoup améliorées dans le monde.4 La disponibilité moyenne mondiale d'aliments destinés à la consommation humaine directe (par personne) a augmenté de 19 pour cent, pour atteindre 2 720 Kcal/jour, entre 1960 et 1994/96. Pour les pays en développement (c'est-à-dire tous les pays à l'exception des pays de l'OCDE, des pays d'Europe orientale et de l'ex-URSS), la progression a été de 32 pour cent et, si l'on fait abstraction de la Chine, de 22 pour cent. Toutefois, cette progression a été très inégale d'une région à une autre. Ainsi, la disponibilité d'aliments en Afrique subsaharienne n'est toujours que de 2 150 Kcal/jour, contre 2 050 Kcal il y a 30 ans. Pour le sud de l'Asie, les chiffres correspondants sont de 2 350 Kcal et 2 000 Kcal, respectivement. La disponibilité d'aliments par personne dans les autres régions en développement (Amérique latine et Caraïbes, est et sud-est de l'Asie, Proche-Orient et Afrique du Nord) est de l'ordre de 2 700 à 3 000 Kcal, tandis qu'elle est de 3 370 Kcal et 3 570 Kcal respectivement en Europe occidentale et en Amérique du Nord.

18. La très faible disponibilité d'aliments qui persiste dans plusieurs pays en développement reflète une sous-alimentation généralisée. Selon les estimations de la FAO, il y avait dans les pays en développement en 1994-96 environ 830 millions de personnes sous-alimentées (voir le tableau 5), celles-ci étant fortement concentrées dans le sud de l'Asie et l'Afrique subsaharienne (voir la figure 3)5. Les efforts entrepris pour en réduire le nombre ont été désespérément lents, les réductions enregistrées dans l'est de l'Asie étant compensées dans une large mesure par des augmentations en Afrique subsaharienne.

19. Pour une large part, l'augmentation de la consommation des pays en développement (en particulier la Chine et l'Inde) a été couverte par un accroissement de leur propre production. Dans le cas des céréales, leur production a augmenté au rythme de 3 pour cent par an au cours des 30 années qui ont précédé le milieu des années 90, et elle a couvert à concurrence de 87 pour cent la progression de leur consommation. Dans un nombre considérable de pays, toutefois, la disponibilité accrue de produits alimentaires a été imputable surtout à l'accroissement des importations, particulièrement pendant les années 70, rendu possible par l'élévation des revenus entraînée par la hausse des recettes d'exportation dans le cas des pays exportateurs de pétrole et par l'accès à des emprunts à faible taux d'intérêt à l'étranger et par une accumulation de la dette pour bien d'autres. En Afrique du Nord, par exemple, les importations céréalières par personne ont presque quadruplé. L'aide alimentaire qu'ont permise les excédents structurels dans les pays développés a également contribué à accroître les importations de denrées alimentaires.

20. Pendant les années 90, l'accroissement de la production agricole mondiale s'est ralenti. La production céréalière mondiale a stagné et fluctué considérablement pendant la première moitié de la décennie. Par habitant, elle est tombée du chiffre record de 342 kg atteint au milieu des années 80 à 311 kg en moyenne pendant la période de trois ans qui s'est écoulée entre 1993 et 1995, avant de remonter à 323 kg en moyenne pour la période triennale 1996/98.

21. Toutefois, au cours des dix années qui ont précédé le milieu des années 90, pendant lesquelles les moyennes mondiales ont diminué, l'on a assisté non pas à une diminution mais plutôt à une progression de la production et de la consommation par habitant de céréales dans les pays en développement, tandis que celles de tous les autres produits alimentaires (racines et tubercules, légumineuses, bananes et plantains, produits animaux, sucre, graines oléagineuses, fruits et légumes, etc.) ont augmenté encore plus vite que pendant la décennie antérieure. L'augmentation de la production a un impact non seulement sur le total des approvisionnements mais aussi sur les possibilités de gain, et par conséquent la demande d'aliments, de la majorité des populations dont les moyens de subsistance dépendent de l'agriculture. En Afrique subsaharienne, par exemple, les importations représentent une partie mineure mais capitale du point de vue de la nutrition du total des approvisionnements en céréales (environ 10 pour cent). Cependant, les perspectives d'augmentation des approvisionnements dépendront de l'augmentation de la production nationale. Quoi qu'il en soit, étant donné la faiblesse de leurs revenus et de leurs niveaux nutritionnels, le problème, pour les pays en développement, reste l'insuffisance de la production et de la consommation par personne.

22. Le fléchissement de la production céréalière mondiale par personne a été dû surtout, jusqu'à une date toute récente, aux réformes des politiques et aux mesures de régulation de l'offre qui ont coïncidé avec du mauvais temps dans les principaux pays industrialisés exportateurs. Le ralentissement à plus longue échéance du taux d'accroissement de la production céréalière dans ces pays, c'est-à-dire dans les pays développés, s'explique pour une large part par l'augmentation insuffisante de la demande de leurs produits et la baisse connexe des prix réels. Cette dernière, à son tour, est due à la fois au ralentissement de l'accroissement démographique dans le monde et à l'insuffisance du pouvoir d'achat dans de nombreux pays et pour de nombreux groupes de population, qui n'ont pas les moyens d'accroître leur consommation.

23. Ces dernières années, cela a été dû aussi à l'effondrement de la production (ainsi que de la consommation et des importations nettes) dans les pays d'Europe orientale et dans l'ex-URSS après la réforme drastique de leur système économique. Les réformes introduites risquent de se traduire par la disparition des excédents structurels quasi permanents et par la constitution par le secteur public de stocks importants dans les grands pays exportateurs, lesquels pouvaient être facilement utilisés par le passé pour intervenir en cas de fléchissement soudain des approvisionnements.

24. Comme illustration de ce qui précède est la tendance de la sécurité alimentaire pour deux groupes de pays en développement - les pays moins avancés et les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires - en situation de déficits vivriers structurels.

25. Le pourcentage des populations sous-alimentées n'a guère changé depuis le début des années 70 (environ 40 pour cent pour les PMA et 20 pour cent pour les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires). Etant donné l'incidence de la sous-alimentation, même de légères variations des approvisionnements d'une année sur l'autre peuvent avoir des conséquences considérables sur la situation nutritionnelle dans ces pays. Or, les tendances récentes ne sont pas encourageantes. Dans le cas des céréales, qui représentent 52 pour cent de l'apport énergétique total dans les PMA et 45 pour cent dans les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, la production par habitant a fait apparaître une tendance à la baisse pendant la période 1980-1996: elle a diminué dans 29 des 42 PMA producteurs de céréales et dans 13 des 18 pays en développement importateurs nets de produits alimentaires. De plus, le coefficient de variation de la production céréalière a dépassé 10 pour cent dans 26 des PMA et dans 11 des pays de la deuxième catégorie. Ainsi, nombre d'entre eux sont vulnérables aux fluctuations des marchés mondiaux des produits alimentaires, et en particulier des marchés des céréales.

26. Les importations totales de produits alimentaires (y compris les produits autres que les céréales) des PMA sont passées de 3,9 milliards de dollars en 1980 à quelque 6 milliards de dollars en 1995, soit une augmentation de plus de 50 pour cent. Pour les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, les chiffres correspondants sont passés de 8,5 à 12 milliards de dollars, soit une hausse de plus de 40 pour cent. Pour ces pays, les céréales représentent le principal poste (plus de 40 pour cent) de la facture d'importations d'aliments, et les huiles végétales et les graines oléagineuses, 20 pour cent de plus. Entre 1993/94 et 1995/96, les deux groupes de pays ont vu leurs factures d'importations de céréales augmenter considérablement: elles se sont montées à 83 pour cent pour les PMA et à 61 pour cent pour la deuxième catégorie de pays, par suite de la hausse marquée des cours mondiaux des céréales en 1995/96. Toutefois, en dépit de la diminution des prix des céréales intervenue depuis la crête de 1995/96 6, la facture d'importations de céréales est restée relativement élevée pour les deux groupes de pays en 1996/97 et en 1997/98. Cela s'explique non seulement par le prix nominal des céréales, mais aussi par le volume des importations et par deux autres éléments de la facture d'importations de céréales qui ont été relativement importants par le passé, à savoir l'aide alimentaire et les subventions à l'exportation.

27. Les ratios entre l'aide alimentaire et le volume total (achats commerciaux et assistance) des importations montrent dans quelle mesure l'aide alimentaire a contribué à alléger le fardeau représenté par les importations de produits alimentaires. En 1997/98, l'aide alimentaire sous forme de céréales a représenté 23 pour cent des importations céréalières des PMA, contre 36 pour cent en 1993/94 et 64 pour cent au milieu des années 80. La diminution de la part relative de l'aide alimentaire par rapport aux importations de céréales des pays en développement importateurs nets de denrées alimentaires a été encore plus marquée, tombant de 22 pour cent au milieu des années 80 à 7,6 pour cent en 1993/94, et à 2 pour cent en 1997/98. Pendant la période qui s'est achevée en 1997/98, par conséquent, le volume des céréales importées à des conditions commerciales a beaucoup augmenté. Cependant, la capacité des pays d'importer commercialement des produits alimentaires restera sans doute limitée en raison des perspectives modérées d'accroissement de leurs revenus et de la charge représentée par la dette.

28. En résumé et, d'une manière plus générale, le bilan céréalier mondial est dans l'ensemble précaire (voir les tableaux 6, 7 et 8).7 Le bilan pour tous les pays importateurs nets s'est soldé par un déficit de 37 millions de tonnes en 1964-66 (17 millions de tonnes pour les pays en développement) mais, en 1994-96, il avait quadruplé (sextuplé pour les pays en développement) pour atteindre 146 millions de tonnes. Il est peu probable que cette tendance change beaucoup au cours des quelques années à venir en raison de l'augmentation de la demande dans les pays en développement entraînée par la croissance démographique et l'élévation des revenus. En ce qui concerne les tendances de la sécurité alimentaire des ménages, mesurée en termes de pourcentage de la population sous-alimentée, il semble clair, à la lumière des données historiques examinées dans le présent document, que ces tendances ont dépendu étroitement de la production nationale dans les pays où la majeure partie des revenus ruraux ou nationaux provient de la production agricole nationale.

IV. Perspectives à moyen et à long terme

29. Les perspectives à moyen terme de la production et de la demande des principaux produits agricoles en 2005 laissent entrevoir une accélération des taux de croissance par rapport aux dix dernières années. Cependant, l'expansion sera sans doute lente, et la production et la consommation par habitant ne devrait augmenter que modérément (0,7 pour cent par an) après avoir stagné pendant dix ans.8 Les facteurs qui contribueront à l'augmentation projetée de la demande mondiale sont notamment l'expansion économique relativement dynamique que devraient continuer d'enregistrer les pays en développement et la reprise de la demande prévue dans certains des pays en transition. Dans les pays en développement, la production et la consommation par habitant des principaux produits agricoles devraient augmenter au rythme de 1,4 pour cent par an, soit un peu moins qu'au cours des dix dernières années (1,6 and 1,7 pour cent par an respectivement).

30. En dépit des effets bénéfiques des réformes politiques qui ont été introduites, il est probable que le ralentissement du commerce mondial de produits agricoles persistera, mais la situation est très complexe, et il y a lieu de s'attendre à une augmentation des taux de croissance pour les céréales, les produits laitiers, le thé et le café et certaines matières premières. Le ralentissement des échanges sera imputable au fléchissement marqué de la croissance prévu pour les graisses, huiles, farines d'oléagineux, viandes, fruits et coton. Toutefois, sur les marchés des principaux produits agricoles, le ralentissement pourrait être compensé par une expansion dans quelques autres secteurs, en particulier celui des produits alimentaires traités. La position nette des pays en développement en matière de commerce agricole devrait, selon ces projections, se dégrader de sorte qu'ils seront sans doute, dans leur ensemble, importateurs nets de produits agricoles à l'avenir. Pour ces mêmes raisons, les importations des pays en transition devraient augmenter de manière significative pendant la période couverte par les projections. De ce fait, les taux de croissance et les exportations des pays développés devraient augmenter nettement par rapport aux dix années précédentes.

31. Les facteurs qui affectent les échanges sont notamment les réformes des politiques nationales qui seront entreprises conformément à l'Accord du Cycle d'Uruguay ainsi que la tendance à une augmentation de la consommation et du traitement dans les pays producteurs de certains produits, dont les matières premières agricoles.

32. À plus long terme, au-delà de 20059, les pays en développement devraient, de plus en plus, devenir importateurs nets de denrées alimentaires, pour les raisons suivantes: i) le monde en développement est à l'origine de la majeure partie de l'augmentation de la population mondiale (qui atteint aujourd'hui le niveau record de 80 millions d'êtres humains par an), et la majorité des pays en développement ont une faible ou très faible consommation alimentaire par habitant, de sorte que les possibilités d'augmentation de la consommation sont considérables; ii) ce potentiel se matérialisera, de plus en plus, sous forme d'une augmentation effective de la demande d'aliments à mesure que de plus en plus de pays en développement connaîtront une expansion économique soutenue; et iii) nombre de ces pays, en particulier les plus peuplés (Chine, Inde), n'ont que des possibilités limitées d'accroître leur production interne, surtout dans le cas des produits alimentaires dont la demande augmentera sans doute rapidement, c'est-à-dire le blé pour la consommation humaine directe et les céréales secondaires pour l'alimentation des animaux. Par conséquent, pour pouvoir satisfaire la demande croissante de produits alimentaires, ces pays devront accroître considérablement leurs importations en provenance du reste du monde.

33. L'analyse des perspectives à longue échéance de l'alimentation figurant ci-dessus conduit à se poser les questions suivantes: le reste du monde pourra-t-il produire les excédents exportables requis? Comment le nouvel environnement politique régissant la production agricole mondiale et le commerce affectera-t-il ces perspectives? Simultanément, les recettes d'exportation des pays en développement suivront-elles l'augmentation de leur dépendance à l'égard des importations de produits alimentaires?

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Tableau 5: Nombre et pourcentage de population sous-alimentée dans les pays en développement

Région

Pourcentage de population sous-alimentée

Nombre de personnes sous-alimentées
(en millions)

 

1990-92

1994-96

1990-92

1994-96

Afrique subsaharienne
Proche-Orient et Afrique du Nord
Asie de l'Est et du Sud-Est
Asie du Sud
Amérique latine et Caraïbes

Toutes régions en développement 

40
11
17
21
15

20

39
12
15
21
13

19

196
34
289
237
64

822

210
42
258
254
63

828

Note: Les chiffres ne correspondent pas au total, l'Océanie étant exclue.
Source: Situation de l'alimentation et de l'agriculture (SOFA), 1998, FAO, Rome.

Tableau 6 Production céréalière mondiale et population 1

 

Production
(millions de tonnes)

Taus de croissance
% par an

Population (en millions)

Taux de croissance
% par an

 

Moyenne 1994-96

1961-96

1986-96

1960

1995

60-95

95-2000

IMPORTATEURS NETS (en 94-6)

             

Asie de l'Est et du Sud-Est

486

3,4

2,3

1 019

1 911

1,81

1,05

Asie du Sud

221

2,9

2,7

564

1 225

2,24

1,76

Tous pays d'Asie

707

3,2

2,4

1 583

3 136

1,97

1,33

Proche-Orient et Afrique du Nord

86

2,5

2,6

142

367

2,75

2,44

Amérique latine et Caraïbes, à l'exclusion de l'Argentine

90

3,1

1,8

197

442

2,34

1,57

Afrique subsaharienne

82

2,3

2,3

228

591

2,76

2,78

total partiel (tous importateurs)

965

3,1

2,4

2 150

4536

2,16

1,64

EXPORTATEURS NETS (en 94-6)

     

71,0

79.8

   

Europe occidentale

190

2,0

0,3

325

384

0,47

0,21

Amérique du Nord

373

1,9

1,6

204

297

1,07

0,80

Océanie

27

2,6

2,3

13

21

1,52

1,07

Argentine

26

1,4

2,0

21

35

1,50

1,27

total partiel (tous exportateurs)

616

2,0

1,2

563

736

0,77

0,52

Ex-URSS et EUROPE ORIENTALE

212

1,0

-3,3

314

415

0,80

0,04

TOTAL MONDIAL

1 793

2,3

1,1

3 027

5 687

1,82

1,38

Source: FAOSTAT

1 Les céréales comprennent le blé, le riz usiné et les céréales secondaires.

Tableau 7. Consommation de céréales (toutes utilisations)

 

Kg par personne

Taux de croissance de la demande
(% par an)

   

Par habitant

Total

 

1963-65

1973-75

1983-85

1993-95

65-95

85-95

65-95

85-95

IMPORTATEURS NETS (en 94-6)

               

Asie de l'Est et du Sud-Est

179

213

266

279

1,6

0,7

3,3

2,1

Asie du Sud

163

164

173

184

0,5

0,8

2,8

2,9

Tous pays d'Asie

173

195

231

242

1,2

0,7

3,2

2,3

Proche-Orient et Afrique du Nord

282

299

359

355

1,0

-0,5

3,8

2,1

Amérique latine et Caraïbes, à l'exclusion de l'Argentine

188

217

255

272

1,3

0,5

3,6

2,4

Afrique subsaharienne

153

153

148

158

0,1

0,2

2,9

3,1

Total partiel (tous importateurs)

180

200

233

243

1,1

0,5

3,3

2,4

EXPORTATEURS NETS (en 94-6)

               

Europe occidentale

401

464

474

421

0

-1,3

0,3

-1,0

Amérique du Nord

729

744

825

868

0,4

0,1

1,4

1,1

Océanie

334

351

421

411

0,6

0,4

1,9

1,7

Argentine

372

469

403

385

-0,8

-0,5

0,7

0,9

total partiel (tous exportateurs)

519

567

605

598

0,3

-0,4

1,0

0,3

Ex-URSS et EUROPE ORIENTALE

533

708

754

607

0,4

-2,9

1,2

-2,5

TOTAL MONDIAL

277

305

330

316

0,4

-0,6

2,2

1,0

Pour mémoire

               

Total mondial à l'exclusion de l'Europe occidentale, ex-URSS et Europe orientale

228

243

275

283

0,8

0,3

2,8

2,1

Source: FAOSTAT. Les céréales comprennent le blé, le riz usiné et les céréales secondaires.

Tableau 8. Bilans céréaliers mondiaux (en millions de tonnes)

 

1964-6

1974-6

1984-6

1989-91

1994-6

IMPORTATEURS NETS (en 94-6)

         

Asie de l'Est et du Sud-Est

-15,4

-29,4

-38,4

-53,2

-64,5

Asie du Sud

-10,4

-10,2

-3,1

-3,1

0,3

Tous pays d'Asie

-25,8

-39,6

-41,5

-56,4

-64,2

Proche-Orient et Afrique du Nord

-5,4

-15,2

-40,9

-41,7

-41,7

Amérique latine et Caraïbes, à l'exclusion de l'Argentine

-4,7

-11,4

-19,8

-20,4

-30,5

Afrique subsaharienne

-1,6

-0,4

-9,9

-6,5

-9,4

Total partiel (tous importateurs)

-37

-67

-112

-125

-146

EXPORTATEURS NETS (en 94-6)

         

Europe occidentale

-27,5

-25,4

10,7

24,7

16,3

Amérique du Nord

59,7

87,2

103,6

115,6

108,8

Océanie

7,2

9,8

20,4

14,2

15,6

Argentine

10,0

9,8

17,1

9,6

11,9

Total partiel (tous exportateurs)

49,4

81,4

151,9

164,2

152,5

Ex-URSS et EUROPE ORIENTALE

-9,3

-15,8

-38,0

-36,8

-4,4

TOTAL MONDIAL

2,6

-0,9

1,8

2,4

2,3

Pour mémoire

         

Pays en développement

-17,0

-38,5

-65,9

-88,1

-103,8

Source: FAOSTAT.

1 Le rôle de la Chine explique pour une large part l'accélération de l'augmentation de la demande dans les pays en développement.

2 Voir le document No. 2 pour plus amples détails sur l'évolution des marchés agricoles pendant la période 1995-98.

3 Les importations sont calculées sur une base c.a.f. et les exportations f.a.b.

4 L'étalon de référence et la disponibilité par personne de produits alimentaires destinés à la consommation humaine directe, exprimée sous forme de moyenne nationale pour chaque pays, en Kcal/jour. Il convient de noter que ce chiffre est fondé sur la consommation apparente des différents pays, qui tient compte des importations comme des exportations de produits alimentaires.

5 Voir FAO, Situation de l'alimentation et de l'agriculture, 1998, Rome.

6 Si les prévisions actuelles concernant notamment la demande d'importations et les cours mondiaux se matérialisent, il semblerait que cette facture devrait diminuer en 1998/99.

7 Pour un examen plus approfondi de cette question, voir Alexandratos, N. et J. Bruinsma (1999), "Europe's Cereals Sector and World Trade requirements to 2030" in Agriculture et World Trade Liberalisation: Socio-environmental perspectives on the Common Agricultural Policy, Redclift, M., J. Lekakis and G. Zanias (eds.), CAB International, Wallingford, Royaume-Uni.

8 Pour plus amples détails, voir FAO (1999) Medium-term prospects for agricultural commodities. Projections to the year 2005, à paraître, Rome.

9 Pour un examen plus approfondi de cette question, voir N. Alexandratos (ed.) World Agriculture: Toward 2010 - An FAO Study, John Wiley & Sons, 1995.